Séminaire Histoire des sciences sociales du religieux

Programme (sous réserve) : les mercredis, 15h-19h

Salle Alphonse Dupront – 10 rue Monsieur le Prince 75006 Paris

Quand et comment le « champ » du religieux s’est-il défini comme un périmètre d’activités académiques ? Aux temps où s’organisent et se réorganisent (au tournant des années 1900, au début des années 1950) l’anthropologie, l’histoire, la philosophie, et la sociologie comme disciplines d’enseignement et de recherche, quelle place fait-on au « religieux » ? Et comment définit-on alors ce que Michel de Certeau estimait indéfinissable ? C’est à cette histoire complexe qu’est consacré ce séminaire de recherche, qui, pour la seconde année, va consacrer ses trois séances (de 4 heures) au Groupe de sociologie des religions et, plus globalement, à la question des archives en sciences sociales.

Le Groupe de sociologie des religions (GSR) a été fondé en 1954 dans le cadre du Centre d’études sociologiques (CES) du CNRS. L’initiative en revient à Gabriel Le Bras (1891-1970) assisté d’Henri Desroche (1914-1994). Une équipe dont la vocation était d’appréhender et d’expliquer tout phénomène dit religieux comme un fait social et d’intégrer de la sorte l’objet religion dans le champ de la sociologie alors en pleine refondation nationale. Le GSR se caractérise par un noyau central de chercheurs qui ont refondé les bases de la spécialité thématique. On sait que la religion fut un objet principal pour la discipline au tournant du siècle dernier. Durkheim a ainsi fait découler la socialité et la pensée classificatrice des cultes totémiques. Weber a reconnu la théodicée biblique comme agent historique de la rationalité moderne. Simmel a vu dans les associations religieuses une forme typique de cristallisation des interactions sociales. Paradoxalement, la centralité intellectuelle de l’objet religieux n’a d’égale, surtout en France, que sa marginalité institutionnelle. Longtemps apanage des institutions ecclésiales, la religion ne devient en effet objet de connaissance historique à part entière qu’au moment de la formation des sciences sociales. La création en 1886 de la section des « sciences religieuses » (Ve section) de l’École pratique des hautes études (ÉPHE) marque pour la France un mouvement européen de chaires et de recherches d’esprit laïc en la matière. Pour autant, la sociologie des religions n’a pas fait souche dans l’Université, notamment après la refondation de la discipline avec l’instauration de la licence de sociologie en 1958. Ce n’est qu’à l’ÉPHE (Ve et VIe sections) et au CNRS que quelques chaires d’enseignement et postes de recherche ont permis à cette spécialité thématique de se développer et d’être reconnue comme scientifiquement légitime.

Le GSR fut le noyau premier de cette conquête, notamment son équipe initiale qui a réuni autour de Le Bras et Desroche, Émile Poulat (1920-2014), François-André Isambert (1924-) et Jacques Maître (1925-2013) auxquels on rajoutera Jean Séguy (1925-2007) entré peu après (en 1960) dans le groupe. Le noyau se fit rapidement connaître par le dynamisme bibliographique de sa revue, les Archives de sociologie des religions, créées en 1956, par ses enquêtes sur les tensions entre confessions chrétiennes et monde moderne, par son défrichement des théories et méthodes d’appréhension sociologique des phénomènes religieux. Revendiquant dès les origines l’interdisciplinarité, le GSR n’a cessé de croître en diversité pour nouer au fil du temps des alliances originales avec l’ethnologie, la science politique et les divers savoirs issus de l’érudition spécialisée (islamologie, indologie, bouddhologie). D’où d’ailleurs le changement du titre de la revue (Archives de sciences sociales des religionsASSR – à partir de 1973). C’est cette histoire, nourrie des archives mêmes des membres du GSR actuellement en phase d’archivage, que ce séminaire entend défricher afin d’encourager la réflexion collective sur les conditions institutionnelles de définition du « champ » religieux au sein des sciences sociales.

Combiné à l’un des deux autres séminaires du « Parcours du CéSor en sciences sociales du religieux » (« Dictionnaire dynamique des faits religieux », « Le religieux en question(s) ») cet ensemble de trois séances peut être validé par les étudiants en master 1 ou 2 de la mention « Sciences sociales des religions »

 

– 25 novembre 2015 : Serge Bonnet (Défense du catholicisme populaire)

– 4 mai 2016 : Roger Bastide et Henri Desroche

 1er juin 2016 : Du bon usage des archives en sciences sociales

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