Soutenance de thèse d’Anthony Jeanne

Discipline : Anthropologie Sociale et Ethnologie

Le 20 septembre 2016 (à 14h, salle Dupront)

De l’Appartenance et de l’Inclusion

Relations et logiques d’interactions sur une voie de pèlerinage du sud de l’Europe : le cas de Compostelle.

Directeur de thèse : Pierre Antoine FABRE

Jury

Erwan DIANTEILL, Professeur, Université Paris Descartes

Dominique IOGNA-PRAT, Directeur d’études, EHESS

Denis PELLETIER, Directeur d’études, EPHE

Isabelle SAINT-MARTIN, Directrice d’études, EPHE

Résumé

Au cours de ces vingt dernières années, le pèlerinage à Compostelle a connu un essor sans précédent, qui le situe d’emblée parmi les phénomènes les plus intéressants qu’ait produit la chrétienté des temps modernes. C’est cette réalité qu’on se propose ici d’étudier, enquête ethnographique à l’appui.

Dans un premier volet, l’investigation des processus historiques permet de remettre cette réalité contemporaine en perspective et de montrer ce qu’elle peut avoir d’inédit, dans l’espace euro-méditerranéen où elle s’inscrit. Elle pose surtout comme préalable à la compréhension de l’objet le difficile problème de la recomposition et de la reformulation de la culture, lorsque celle-ci est aux prises avec des bouleversements qui tendent à en réduire la portée.

Dans la mesure où l’univers de la pratique s’est d’abord et avant tout constitué autour de la nécessité d’inclure ou de ré-inclure – au sein d’un ensemble typique savamment recomposé – les éléments dispersés de la culture, la façon dont des individus et des groupes d’individus venus de toutes parts peuvent être amenés, au cours de leur pèlerinage, loin du monde qu’ils ont quitté, à se lier – ou à se convertir – à cet univers, se trouve être au centre de la problématique. Partant, l’hypothèse qui va nous guider est que les relations d’appartenance et d’inclusion issues de la théorie des ensembles constituent bel et bien la clé pour saisir les différents ressorts de cette expérience et pour en dégager les véritables enjeux. Aussi les logiques d’interactions sociales et symboliques gagneront-elles, au cours de ce second volet, à être passées au peigne fin de l’observation et de l’analyse. Une importance particulière sera accordée à la fois à la description des dimensions constitutives de l’expérience pèlerine ainsi qu’à l’explicitation, dans le contexte d’inclusion propre au pèlerinage, des modes de construction dynamique de l’appartenance individuelle et collective.

Instruits par le point de vue empirique, nous irons alors au cœur du problème. L’examen des interactions sociales sera étendu en particulier aux différentes catégories d’êtres et de choses avec lesquels ces hommes et ces femmes entrent – rituellement ou non – en contact dès lors qu’ils sont inclus – à différents niveaux et à des degrés divers – dans cet univers.

Enfin, dans la mesure où l’environnement dédié au pèlerinage exerce sur l’imaginaire collectif contemporain un pouvoir de séduction propice au déploiement d’une offre symbolique renouvelée, l’occasion nous sera enfin donnée ici de questionner le rapport aux ancêtres et d’aller interroger, au- delà des figures et des formes symboliques introduites par les pèlerins ou imposées de fait par les autorités, la nature des liens et des relations qu’elles proposent de retrouver, d’établir et de stabiliser, par l’expérience provisoire mais cependant marquante de cette totalité. Ce sera l’objet de notre troisième et dernier volet.

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