Histoire des sciences sociales du religieux

Séminaire partenarial de recherche coordonné par Céline Béraud, Dominique Iogna-Prat et Pierre Lassave, avec la collaboration de Yan Potin

Les mercredis, 15h-19h – Salle Alphonse Dupront, 10 rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris

Depuis sa création, le CéSor a lancé un programme de recherche sur l’histoire des sciences sociales du religieux, avec comme première base empirique la reconstitution de la formation et du développement du Groupe de sociologie des religions (GSR) créé en 1954 au sein du Centre d’études sociologiques du CNRS. À partir du recueil et du classement des archives personnelles et des fonds de bibliothèque des principaux fondateurs de ce Groupe (Gabriel Le Bras, Henri Desroche, François-André Isambert, Émile Poulat, Jacques Maître, Jean Séguy), un travail collectif de biographies a été entrepris sur leur trajectoire (assr.revues.org, rubrique « Archives du GSR »). Au cours de l’année dernière, un séminaire de recherche a accompagné cette dynamique en faisant porter ses séances sur divers lieux et champs de recherche issus du Groupe consistant à saisir l’objet religieux comme fait social total, position épistémique en rupture avec l’histoire interne des traditions ou avec l’instrumentation par ces dernières des savoirs sociologiques. Les généalogies de la sociologie du protestantisme, du judaïsme et de l’islam ont été notamment abordées lors de séances spécifiques. La revue Archives des sciences sociales des religions a commencé à publier les contributions qui résultent de ces travaux (rubrique « Atelier des sciences sociales » du Bulletin bibliographique).

Pour l’année 2017-2018, le séminaire veut poursuivre l’enquête en tenant quatre séances de quatre heures chacune sur les thèmes suivants :

– 11 octobre 2017

La formation du domaine afro-américaniste en anthropologie des religions du XIXe siècle à aujourd’hui. La focale sera notamment mise sur les théories du syncrétisme afro-brésilien à partir notamment du dialogue engagé entre Roger Bastide et les modernistes, folkloristes et psychiatres brésiliens (Mario de Andrade, Edison Carneiro, Arthur Ramos) avec ses ramifications afro-américaines (Melville J. Herkovits, Fernando Ortiz).

Séance organisée par Stefania Capone (CéSor) en lien avec le projet Bérose (LAHIC).

– 13 décembre 2017

Les rapports entre droit canonique et sociologie religieuse à travers l’œuvre de Gabriel Le Bras. Revenant sur le parcours multiple de ce refondateur des sciences sociales au milieu du XXe siècle, initialement défriché l’année dernière, la question sera posée de l’articulation entre ses investissements intellectuels parallèles. Complémentarité éventuelle à définir que la séparation et la spécialisation croissante des disciplines tend sans doute à effacer de la mémoire savante aujourd’hui. Cette tension sera au cœur de la séance organisée par Yann Potin (AN) en lien avec Jean-Louis Halperin (ENS).

– 4 avril 2018

Pierre Bourdieu et la sociologie du catholicisme. Refondée après-guerre par une poignée d’intellectuels catholiques progressistes, la sociologie des religions a rencontré en Bourdieu un juge épistémologique sans concession en même temps qu’un référent incontournable. Outre le concept de « champ » issu des études wébériennes des religions, l’œuvre de Bourdieu est en écho pétrie de références au langage religieux en même temps que ses enquêtes ont parfois pris l’Église pour objet. Ce jeu de références croisées vaut bien une séance pour expliciter sa nature et sa portée aujourd’hui. Céline Béraud (CéSor) et Yann Raison du Cleuziou (Centre Durkheim de Bordeaux) en organiseront le cours.

– 9 mai 2018

Le Groupe de sociologie des religions et les Saint-Simoniens. Au cours des années 1960, les refondateurs de la sociologie des religions se sont lancés dans des études socio-historiques originales sur les utopistes sociaux au XIXe siècle dans le cadre d’un programme de recherche sur les socialismes, les messianismes, les millénarismes et les dissidences. À l’heure où l’édition des œuvres complètes de Saint-Simon s’accompagne de travaux historiographiques précis, la question se pose de reconnaître la place et l’apport du « premier GSR » à la connaissance de la « religion industrielle ». Les travaux d’Henri Desroche autour du « Nouveau christianisme » et de François-André Isambert sur Philippe Buchez seront au centre de la séance coordonnée par Dominique Iogna-Prat (CéSor) en coopération avec la Maison Auguste Comte et la Société des études saint simoniennes.

 

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