Les midis du CéSor – Jeudi 29 mars 2018

En raison de la grève prévue le jeudi 22 mars 2018
la séance est reportée au

Jeudi 29 mars 2018

de 13h à 15h en salle Alphonse Dupront

10, rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris

Entrée libre dans la mesure des places disponibles

Le rapport occasionné par la visite du comité d’évaluation du HCERES nous a permis de faire le point sur la grande richesse des recherches menées au sein du CéSor. La complémentarité des démarches, des terrains et des problématiques a conduit à des échanges très féconds entre les chercheurs du CéSor au moment de la rédaction de la partie prospective. Il faut donc poursuivre cette dynamique. C’est pourquoi le Conseil de Laboratoire a proposé de lancer une nouvelle initiative collective, visant à faire dialoguer plusieurs chercheurs et doctorants autour de leurs recherches en cours à partir d’une thématique transversale à leurs travaux. De cette proposition sont nés les « Midis du CéSor », moment de débat et de discussion collective, d’enrichissement, de proposition, dont la coordination a été confiée à Paolo Odorico.
Ces rencontres n’ont pas vocation à alourdir le programme déjà bien chargé des membres du Centre, mais d’être complémentaires aux « Débats du CéSor ». Il s’agira d’organiser trois à quatre « Midis du CéSor » en alternance avec les Débats. La formule se veut légère puisqu’il s’agit d’échanger tout en prenant son déjeuner.
Le premier « Midi du CéSor » aura lieu Jeudi 22 mars, de 13h à 15h, en salle Alphonse Dupront. Le thème retenu traverse les recherches de la majorité d’entre nous.

La conception du temps

Trois (enseignants)-chercheurs et un doctorant présenteront leur travail autour du sujet pendant une vingtaine de minutes, suivies d’un débat collectif. Voici donc les quatre interventions de cette première rencontre :

Nathalie Luca :
Les professionnels qui ont la passion de leur métier expriment souvent le sentiment qu’ils n’auraient pas pu faire autre chose et n’hésitent pas à parler de vocation. Qu’entendent-ils par là ? Pour le comprendre, j’ai suivi quelques artistes et entrepreneurs et me suis intéressée à la façon dont leur sentiment vocationnel joue sur leur rapport au temps, au lieu, aux autres et à la pensée. Je présenterai quelques études de cas pour cet exposé d’une recherche en cours.

Catherine Alès :
Dans les sociétés amazoniennes, les temps primordiaux, encore appelés « temps mythiques » en anthropologie, ne sont pas dissociés du temps présent. Les êtres des temps du mythe demeurent au cœur de la vie quotidienne des vivants ; ils accompagnent et justifient toutes les façons de faire et de dire, d’être et de paraître, d’apparaître et de disparaître d’aujourd’hui. Néanmoins, il y a un avant et un après, une rupture qui s’effectue entre le temps du mythe et celui des humains d’aujourd’hui, et c’est bien sûr un mythe qui explique le temps tel qu’il se déroule dans la société contemporaine. On prendra l’exemple du mythe qui signale l’apparition de la notion de « temps » chez les Yanomami et permet d’éclairer leurs conceptions de la vie en société, de la mort et de l’éternité. L’analyse des distinctes temporalités énoncées dans le mythe éclaire alors certains aspects rituels, notamment au sein des fêtes cérémonielles funéraires.

Paolo Odorico :
Notre division de l’idée du temps prévoit quatre catégories : temps cosmique, temps historique, temps social et temps individuel. Mais quelle est la situation en ce qui concerne Byzance, et la représentation temporelle que les auteurs byzantins font de leur monde ? Le résultat que nous obtenons de l’étude de textes nous amène à une conclusion qui pourrait nous surprendre. À l’exception du temps individuel, qui nous reste insaisissable, car les écrivains ont très rarement parlé d’eux-mêmes, nous voyons qu’il n’y a pas de véritable distinction entre les trois premières catégories du temps, ce qui revient à dire que de facto la subjectivité/objectivité de la mesure du temps se limite à deux catégories, le « temps individuel » et le « temps global » qui comprend le social, l’historique et le cosmique. C’est justement cette particularité que nous devons essayer d’expliquer.

Lorenzo Ciolfi :
En 2011, avec le volume À la recherche du temps sacré, J. Le Goff essaya d’expliquer la perception médiévale du temps en s’appuyant sur un des « best-sellers » du Moyen Âge occidental, La légende dorée de Jacques de Voragine : au-delà de ses apparents traits de légendier, en effet, l’historien en fit une véritable somme sur le temps humain, sacralisé grâce à la fusion des dimensions du temporal, du sanctoral et de la perspective eschatologique.
Suite à la lecture de cette œuvre, notre communication propose de lire en utilisant la même approche que celle de Le Goff le Synaxaire de Constantinople, considéré comme un simple recueil hagiographique, une encyclopédie de la sainteté byzantine. Le tableau qui en sortira mettra en valeur le rôle de ce livre liturgique dans la définition du rapport entre le Temps et l’Homme à Byzance. Dans cette perspective, une reconsidération des entrées consacrées aux empereurs byzantins sera également possible.