L’International Social Survey Programme (ISSP) consacre son enquête annuelle – réalisée dans près de 50 pays – à la religion

Le CéSor s’y est associé pour la France

 

 

Une grande enquête comparative née dans le monde anglo-saxon

L’ISSP est né au milieu des années 1980 par la volonté de chercheurs qui réalisaient dans leur pays (Grande Bretagne, Allemagne, États-Unis, Australie) une enquête quantitative annuelle sur de grands sujets de société. Ils ont décidé d’entrer dans une démarche comparative en ajoutant à leur enquête nationale un module commun. Ayant débuté avec quatre pays, l’enquête est aujourd’hui réalisée dans près de 50 pays. Les thèmes abordés ont vocation à être répliqués environ tous les 10 ans, ce qui permet de mesurer les évolutions, puisqu’on conserve une large partie des questions antérieures.

La recherche française dans l’ISSP

La France est devenue membre de l’ISSP depuis 1996. Les résultats français figurent sur le site www.issp-france.fr. Vu les faibles moyens financiers disponibles pour cette enquête, elle est réalisée par envoi postal à un échantillon aléatoire de ménages, avec une méthodologie particulière – améliorée au fil des années — pour obtenir un bon taux de retour (http://www.issp-france.fr/wp-content/uploads/2014/11/Une-enquete-postale-efficace.-Les-defis-de-lISSP-en-France.pdf).
L’enquête bénéficie aujourd’hui en France d’un soutien financier de la TGIR PROGEDO/CNRS (organisme qui aide à la réalisation et à la valorisation des grandes enquêtes internationales) et du laboratoire PACTE (Sciences Po Grenoble, CNRS, Université Grenoble-Alpes) qui en pilote la réalisation en lien avec l’ADISP (unité CNRS qui archive les données des enquêtes quantitatives de sciences sociales) et quelques chercheurs d’autres laboratoires.

L’enquête de 2018 sur la religion

Le thème de la religion avait été choisi pour le module de 1991, répété en 1998, en 2008 et bientôt en 2018[1]. Pour la France, on va donc disposer de données comparatives dans le temps à ces trois dernières dates.
Les questionnaires sont arrivés chez les personnes sélectionnées autour du 20 février. Une incitation téléphonique à répondre est mise en place. Il y aura aussi des lettres de rappel pour ceux qui n’ont pas répondu au bout d’un mois, si bien que des réponses vont nous parvenir jusqu’en juillet 2018. Il y aura ensuite un temps de contrôle des questionnaires, de codage des professions et d’informatisation des réponses. Le fichier des résultats français sera disponible pour les chercheurs vers le milieu de 2019 et le fichier international comparatif un an plus tard.
Le questionnaire – mis au point par la fédération internationale des chercheurs des différents pays — est assez détaillé (16 pages en traduction française). Il comporte plusieurs grandes dimensions de la religiosité :
— l’image des religions et des Églises (facteurs de paix ou de conflit ?),
— l’univers des croyances et le sens donné à sa vie,
— l’appartenance religieuse de l’enquêté, sa socialisation religieuse dans l’enfance, la religiosité de ses parents,
— les pratiques religieuses du répondant (culte mais aussi prière, lecture des textes sacrés, visites aux lieux saints…),
— son autodéfinition religieuse et spirituelle,
— la fonction et l’utilité des religions,
— les croyances dites populaires (porte-bonheur, voyants, guérisseurs, astrologie).
L’intérêt d’un tel questionnaire est non seulement de mesurer la religiosité mais aussi de savoir qui sont les adeptes des religions. Il y a donc aussi de nombreuses questions sur la situation sociale des individus (âge, profession, diplôme, revenu, origine ethnique, situation familiale…), leur orientation politique, leur confiance aux institutions et à la science, leur éthique familiale et sexuelle. On peut s’interroger à partir de cette enquête sur ce qui influence les attitudes religieuses mais aussi sur les effets de la religiosité comme de son absence (indifférence et irréligion) sur les systèmes de valeurs.
Le CéSor a bien voulu contribuer à la réalisation de l’enquête par un apport financier, certes modeste par rapport au budget global, mais qui manifeste son intérêt soutenu pour cette opération de recherche.

Toute personne intéressée par l’utilisation des résultats peut d’ores et déjà contacter pierre.brechon@iepg.fr

[1] Pour une comparaison des données françaises de 1998 et de 2008, voir Pierre Bréchon, « Le croire religieux des Français d’après les enquêtes ISSP », dans Aubin Boltanski Emma, Lamine Anne-Sophie, Luca Nathalie (direction), Croire en actes. Distance, intensité ou excès ?, L’Harmattan/AFSR, 2014, p. 99-115.

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