Journées d’études internationales : Du geste à la trace. De la trace à la mémoire. Trajectoires d’archivage des vidéos vernaculaires de la révolte et du conflit en Syrie et au-delà

Dans le cadre du programme ANR Shakk De la révolte à la guerre en Syrie : conflits, déplacements, incertitudes

5 – 6 juillet 2018 Bibliothèque nationale de France

Quai François Mauriac, 75013 Paris

Salle 70 (Hall est, foyer du Petit auditorium)

Métro : Lignes 6 (Quai de la gare), 14 et RER C (Bibliothèque François-Mitterrand)

 

Crédit photo : Muzaffar Salman/Syrian archive

Crédit photo : Muzaffar Salman/Syrian archive

Depuis 2011, la révolte et la guerre en Syrie ont engendré une masse considérable de vidéos filmées par des manifestants, des activistes, des combattants. Élaborées à la marge des cadres institués de la production médiatique, ces formes de communications audiovisuelles constituent une ressource précieuse pour comprendre, se souvenir et, éventuellement, juger. Ces journées d’études visent à faire un état des lieux des pratiques et des trajectoires d’archivage de ces vidéos afin de mieux en cerner les enjeux épistémologiques et mémoriaux.

Présentation

Jamais dans l’histoire, une révolte et un conflit n’ont autant été filmés par leurs propres protagonistes. Depuis 2011, pour contourner l’embargo médiatique imposé par le régime de Bachar al-Assad, des centaines de milliers de vidéos ont été mises en ligne — principalement sur YouTube — par des manifestants, des activistes et des combattants : manifestations, scènes de répression, funérailles, mais aussi actions protestataires inédites, recueils de témoignages, déclarations de défection de militaires ou de formation de brigade combattante, hommages aux « martyrs », combats, etc. Par ailleurs, de nombreuses vidéos ont été filmées et n’ont jamais été mises en ligne, stockées pour l’instant dans des disques durs ou des téléphones portables.

La vaste gamme des usages de la vidéo reste encore à explorer, tant elle évolue au fil des rapports de force sur le terrain et des différents acteurs en présence. Élaborées à la marge des cadres institués de la production médiatique, ces formes de communications audiovisuelles vernaculaires sont à la fois traces et expériences de la révolte et de la guerre. Ces fragments d’images et de sons, pour la plupart anonymes, lacunaires et contingents de la maîtrise des preneurs d’images et du matériel dont

ils disposent, sont souvent illisibles et invisibles, malgré leur accessibilité sur Internet : la masse de vidéos fait écran, tout comme le manque d’indices de contextualisation. Opaques, ces vidéos sont aussi fragiles puisqu’elles peuvent disparaître du jour au lendemain, en raison notamment de la fermeture de comptes par les utilisateurs ou par la société YouTube, comme en juin 2018, au motif de lutter contre les contenus violents.

Pourtant, nombreux sont ceux qui ont saisi à quel point ces vidéos constituent une ressource précieuse pour comprendre, se souvenir et, éventuellement, juger un jour ceux qui, pour l’instant, figurent dans le camp des vainqueurs. Conscients du caractère éminemment évanescent de ces documents, des associations telles que Syrian Archive ou Creative Memory of the Syrian révolution, des activistes, des chercheurs et des particuliers, chacun avec des moyens et des objectifs propres, s’attachent depuis plusieurs années à les collecter, les organiser et les sauvegarder.

En effet, quelles sont les vidéos qui font l’objet de sauvegarde ? Selon quelles procédures et dans quels buts ? Comment sont-elles décrites et référencées ? Dans quelle mesure peuvent-elles constituer une source pour la connaissance, la mémoire ou le droit ? Quelles en sont les modalités de partage et de diffusion ? Les spécificités de ces vidéos tout comme les logiques hétérogènes et les sites disséminés de ces entreprises de collecte remettent en question le concept d’archive et ses pratiques institutionnelles. De même, l’intérêt grandissant pour l’archivage de ces vidéos alors que les événements sont toujours en cours interroge. Nous réfléchirons à ces questions avec des acteurs de la constitution de ces archives, qu’ils conçoivent leurs démarches dans un cadre militant, judiciaire ou universitaire. Il s’agira également d’inscrire cette réflexion dans un questionnement plus large sur les façons dont les images animées et le numérique façonnent notre rapport à la connaissance et à la mémoire.

Programme

Résumés des interventions et biographies des intervenants

Jeudi 5 juillet

9h15 ● Accueil

9h30 ● Introduction

Alain Carou (BnF), Cécile Boëx (CéSor, EHESS), Jean-Christophe Peyssard (Ifpo Beyrouth, CNRS)

Session 1 ● Méthodes et pratiques de la recherche : collecter, analyser, sauvegarder

Discutantes : Cécile Boëx (CéSor, EHESS) et Vanessa Guéno (Iremam, Aix-en-Provence)

10h15-10h45 ● Dima Saber (Center for Media and Cultural Research, Birmingham University) Refugee writing, refugee history. Locating the refugee archive in the making of a history of the Syrian war

10h45-11h15 ● Yasser al-Zayyat (American University of Beirut) A Syria That Is No More: On Science, Memory and Language

11h15-11h30 ● Pause café

11h30 12h00 ● Ulrike Lune Riboni, (CEMTI, Paris 8) « Ce que je trouve est ce que je cherche » : méthodologie pour la constitution d’un corpus de vidéos en ligne

12h00-12h30 ● Discussion

12h30-14h00 ● Pause Déjeuner

Session 2 ● Les mémoires à l’épreuve du numérique et des images animées. Perspectives comparatives

Discutant : Alain Carou (BnF)

14h00 ● Laurent Véray (IRCAV, Paris 3) Filmer, montrer et archiver la Grande Guerre

14h30 ● Agnès Devictor (HiCSA, Paris 1) Transfert de fonds d’archives audio-visuelles : étude d’un cas afghan

15h00-15h15 ● Pause café

15h15 ● Sophie Gebeil (TELEMMe, Aix-en-Provence) L’historien.ne dans les méandres des archives du Web : le cas des mémoires maghrébines sur la toile française depuis les années 2000

16h15 ● Discussion

19h30 ● Dîner

Vendredi 6 juillet

9h30 ● Accueil

9h45 ● Mot d’introduction Anna Poujeau (CéSor, CNRS)

Session 3 ● Enjeux mémoriels, politiques et testimoniaux des archives audiovisuelles

Discutantes : Emma Aubin-Boltanski (Ifpo Beyrouth, CNRS) et Nisrine al-Zahre (CéSor, EHESS) 

10h00 ● Jean-Marc Salmon (Institut Mines Télécom, Université Paris Descartes) Les archives nativement numériques du jaillissement du soulèvement tunisien

10h30 ● Jeff Dutch, Syrian Archive Collect, Curate, Investigate: Using open-source big-data methodologies for human rights monitoring in Syria

11h15 ● Pause café

11h30 ● Stefan Tarnowski (Institute for Comparative Literature and Society, Columbia University) Human Rights Video and Revolution in Syria

12h00 ● Discussion

12h30-14h00 ● Déjeuner

Session 4 ● Passages, transmission et création

Discutants : Franck Mermier (IRIS, CNRS) et Jean-Christophe Peyssard (Ifpo Beyrouth, CNRS)

14h00 ● Collectif 858 : Beyond archiving

14h30 ● Sana Yaziji et Naji Zahar (The Creative Memory of the Syrian Revolution) Un devoir de Mémoire

15h15 ● Pause café

15h30 ● Ali Atassi (Bidayyat) Digital Syrian Archive Between Videos and Documentary Cinema

16h00 ● Discussion

16h30 ● Synthèse et ouvertures : Myriam Catusse (Iremam, CNRS) et Emma Aubin-Boltanski (Ifpo Beyrouth, CNRS)

20h00 ● Dîner

 

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