Religions et utopies sociales. La modernité médiévale dans l’éclectisme contemporain (1820-1960)

Dominique Iogna-Prat

En collaboration avec Michel Bourdeau (CNRS, Maison Auguste Comte), Patrick Henriet (ÉPHE), Pierre Lassave (CéSor), Alain Rauwel (CéSor) et Bénédicte Sère (Université Paris-Nanterre et CéSor)

Les jeudis, du 8 novembre 2018 au 23 mai 2019, 15h-19h

 Salle Alphonse Dupront – 10 rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris

Le 4 avril 2019 à la Bibliothèque des Amis de l’Instruction, 54 rue de Turenne, 75003 Paris

La période post-révolutionnaire est, comme disait Tocqueville, le temps des « sociétés imaginaires », des grandes utopies sociales qui forment le terreau de la tradition sociologique, de Saint-Simon et Comte jusqu’à Durkheim et Weber, lesquels instaurent la sociologie comme champ d’étude et « troisième culture ». Pourquoi les reconstructeurs de société des années 1820 font-ils retour au sacré ? Pourquoi tant de résurgences religieuses après les commotions révolutionnaires ? En quoi l’Église reste-t-elle une référence obligée pour tout apprenti sociologue en quête d’universel communautaire ? En quoi et jusqu’où les apprentis sociologues puisent-ils au répertoire traditionnel du christianisme ? Comment peuvent-ils le faire en contexte d’éclectisme et de relativisme sceptique face à la diversité des religions ? Y-a-t-il, en somme, un « âge théologique de la sociologie » comme l’a prétendu François-André Isambert à propos de Buchez, et qu’entendre par « théologie » à l’âge de formation des sciences morales puis sociales ? Au miroir des multiples formes de discours (théoriques ou littéraires) consacrées à la « comédie » des hommes s’efforçant de faire communauté, on s’intéressera aux mille et une constructions de société, à une époque où l’Église romaine elle-même entend être une « société parfaite », une « société complète ». Mais la référence à des « constructions », à des « architectures » de la société, à des contenants permettant l’engendrement quasi sacramentel de contenus sociaux, a-t-elle encore du sens dans un monde où la transcendance a désormais la fonction d’un tiers sociologique ? En bref, la Cité chrétienne est-elle encore de quelque actualité – l’actualité d’un passé que l’on s’efforce de faire advenir en des années où, avec l’urbanisme, les théories du bâti sont ipso facto des théories de vie civile porteuses de sciences de la société ?

Le programme de cette deuxième année de séminaire porte de nouveau sur la question d’un ordre ancien en renouvellement dont on examinera diverses configurations architecturées entre Moyen Âge et modernité, avant de se tourner vers cet atome de base de l’architecture sociale : la famille. Les secondes parties de séance (programme B) seront consacrées à l’étude d’auteurs et d’œuvres de référence de la modernité médiévale dans l’éclectisme des discours contemporains sur la société.

Programme du séminaire Religions et utopies sociales 2018

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