Au travail en archives avec Gabriel Le Bras

Atelier du 5 décembre 2018
Archives nationales,

59 rue Guynemer, Pierrefitte-sur-Seine
Métro Saint-Denis Université (Ligne 13)

 

Le nom de Gabriel Le Bras (1891-1970) résonne avec fréquence lorsqu’il s’agit d’histoire ou de politique des sciences sociales au vingtième siècle. Son parcours intellectuel et académique demeure cependant méconnu : figure de référence de la sociologie de la pratique religieuse, l’ampleur de son autorité institutionnelle est restée largement discrète, et presque insaisissable. Professeur d’histoire du droit canonique durant près de cinquante ans, à Strasbourg, puis à Paris, il joua dès 1944 un rôle décisif au sein du comité directeur du CNRS, en participant à la création du Centre d’études sociologiques en 1946, comme à celui du Centre de politique étrangère du côté de la Fondation nationale des sciences politiques ; surtout, il fut, en 1947-1948, avec Lucien Febvre, en tant que président de la Ve section de l’École pratique des hautes études (EPHE), le véritable parrain d’une VIe section de « sciences économiques et sociales » aux origines mêmes de ce qui allait devenir plus tard l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Au total, ce parcours compose un genre de ministère invisible, où le droit, la science religieuse et la science sociale marchent en cadence, sinon main dans la main. Cohérence et complémentarité institutionnelle ne résistent toutefois pas au temps et aux rapports de forces disciplinaires, ce qui explique pourquoi la mémoire savante de Le Bras est, en quelque sorte, segmentée, à la charnière du droit, de l’ecclésiologie, de la sociologie et des sciences politiques.
Ce n’est pas le cas en revanche de ses archives, dont l’intégrité et la complétude ont pu être préservées de manière exceptionnelle, correspondances et papiers d’affaires les plus ordinaires en apparence y compris. Afin de conserver la fragilité des passerelles sans cesse entretenues par Le Bras entre les réseaux et les disciplines, le fonds, donné à l’EHESS en 2011, et déposé aux Archives nationales en 2013, reste organisé selon la topographie de l’espace de travail ou de stockage de Le Bras. Ceci suppose donc un important traitement documentaire, afin de pouvoir envisager des recherches dans un ensemble archivistique de plus de 50 mètres linéaires. Une expérience d’envergure et inédite, susceptible de servir de précédent pour l’ensemble du département archives des sciences sociales du Campus Condorcet, vise à transformer le traitement intellectuel et matériel du fonds en un vaste programme d’études interdisciplinaires : en croisant l’observation documentaire et l’analyse sociologique et historique de l’itinéraire de Le Bras et de ses réseaux académiques, ecclésiastiques et politiques, tout en prenant en compte les techniques du savant au travail, il s’agit d’examiner les sciences religieuses au travail des sciences sociales et des savoirs juridiques, entre les années 1920 et les années 1970.

10h00-13h00
Pour introduire
Jean-Louis Halpérin (CNRS/ÉNS), « Le Bras en chantier »

Gabriel Le Bras et les sciences de l’Église
Carlo Fantappié (Roma Tre/Gregoriana), « La complexité épistémologique de la science canonique selon Gabriel Le Bras », discutant : Patrick Arabeyre (ENC)
Alain Rauwel (CéSor), « Gabriel Le Bras et liturgie »

Perspectives de travail
Du côté du Ministère des affaires étrangères (échange avec Yves Bruley)
La journée de travail à l’Académie des Sciences morales et Politiques

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