Le séminaire des doctorants 2019 – 2020

Faits religieux et rapports sociaux :
Classer et catégoriser les hiérarchies sociales dans le monde religieux


Organisation : Elena Lysak evessy82@gmail.com
Kenson Joissaint joissaintkenson@yahoo.fr
4e mardi du mois de 17 h à 19 h du 26 novembre 2019 au 23 juin 2020
Campus Condorcet, salle 0.006, bâtiment Recherche Nord, 14 cours des Humanités – Aubervilliers
https://enseignements-2019.ehess.fr/2019/ue/3186//Ce séminaire des doctorants du CéSor s’inscrit dans la continuité de celui de l’année dernière et vise à approfondir les questionnements liés à la réalité de
« rapports sociaux » dans le monde religieux.
En partant du principe que les individus produisent différentes catégories pour se penser, penser les autres et le monde qui les entoure, la mise au jour des processus de constructions de ces catégories, de leurs usages et de leurs effets, se trouve au cœur des travaux de recherche en sciences humaines et sociales. De ce principe, certaines interrogations s’imposent : comment les individus et les groupes sociaux se classent-ils et s’organisent-ils dans le monde religieux ? Comment construisent-ils les catégories et les hiérarchies ? Quel travail effectuent-ils pour maintenir ou affaiblir les hiérarchies et la domination sociale ? Enfin, comment les individus et les groupes reçoivent-ils d’assignation auxquelles ils sont renvoyés ou auxquelles ils se réfèrent ?
Ce séminaire s’adresse aux chercheurs pluridisciplinaires qui travaillent sur des terrains divers et qui observent la pluralité des rapports sociaux et la construction des hiérarchies sociales dans le monde religieux. Il s’adresse aussi au grand public intéressé aux relations entre faits religieux et rapports sociaux.
Les participants de chaque séance, doctorants et jeunes chercheurs, sont invités à présenter leurs travaux de recherche et leurs expériences de terrain. Chaque présentation se déroulera avec la participation d’un ou d’une discutant-e (chercheur-e confirmé-e).

Séance du 26 novembre 2019

Musulman.e.s homosexuel.le.s : quelle place pour le queer
en islam ?

17h – 19h

Animée par Benjamin Dubrulle, Doctorant en Sociologie, CéSor

Discutée par Regis Schlagdenhauffen, Maître de conférences, EHESS

Présentation
Cette communication porte sur l’avancement des travaux sur les subjectivités homosexuelles musulmanes en France et au Royaume-Uni. Dans un contexte où foi musulmane et homosexualité sont souvent pensées comme antagonistes (Fassin, 2010 ; Dudink, 2013 ; Ouguerram-Magot, 2017), il s’agit d’étudier les parcours d’individus et de groupes s’identifiant à la fois comme musulman.e.s et homosexuel.le.s. Si l’homosexualité peut être associée à l’altérité au sein des communautés musulmanes (Siraj, 2009), on explorera les diverses stratégies grâce auxquelles les musulman.e.s homosexuel.le.s s’investissent au sein de la communauté de croyants, leur foi entrant en affinité avec leurs parcours homosexuels (Shah, 2016; Brault, 2017; Yip, 2017).
Le dispositif d’enquête consiste en des périodes d’observation participante répétées au sein d’associations LGBT+ musulmanes et de mosquées inclusives lors d’évènements à caractère religieux ou de moments de convivialité. Ces observations participantes sont suivies d’entretiens ethnographiques avec des individus s’identifiant comme musulmans et LGBQ+ et prenant part à ces évènements à différents niveaux, en tant qu’organisateurs, bénévoles ou membres du public. Les entretiens portent sur les trajectoires biographiques des enquêtés et cherchent à mettre en articulation parcours individuel et engagement au sein de l’organisation religieuse.
À travers ces expériences, nous aborderons l’héritage des oulémas britanniques (Werbner, 2002 ; Lewis, 2006) qui depuis les années 1990 se positionnent dans une démarche de professionnalisation de leur rôle. Nous aborderons les réaménagements normatifs opérés par les participants et les difficultés de dépassement des hiérarchies traditionnelles entre islam savant et islam populaire, mais également en termes de genre. Nous explorerons les politiques de visibilité dans lesquels s’inscrivent ces groupes (Amiraux, 2006 ; Amari, 2018), et l’impact des politiques nationales, entre laïcité française et multiculturalisme britannique.

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