Appel à communication – Le magnétisme animal en mouvement : reconfigurations et circulations, 1776-1848 Colloque international, Université de Fribourg (Suisse) 20-21.10.2022

La circulation européenne, puis globale, des théories et des pratiques du magnétisme animal sur le « long XIXe siècle », est un phénomène autant prégnant qu’encore peu étudié dans sa complexité. La théorie du fluide universel et les thérapies magnétiques élaborées par Franz Anton Mesmer à Vienne s’affirment à Paris, où il s’installe fin 1778 ; autour de 1784 elles se diffusent non seulement dans toute la France, mais aussi dans les colonies, à Malte avec le réseau des sociétés de l’Harmonie, et dans l’Europe entière suivant les trajectoires des sociabilités savantes, maçonniques, mystiques, ésotériques, de la création artistique et musicale ; les textes des querelles qu’elles suscitent sont lus, traduits, commentés et réélaborés dans l’Europe entière et au-delà. Lorsque la présence des « traces » du magnétisme dans tous les temps et dans tous les peuples forme un topo des textes de ses partisans comme de ses adversaires, le fluide mesmérique devient un terme apte à rapprocher des mondes distants, qu’il s’agisse de la culture chinoise dans les correspondances jésuites, du vaudou haïtien ou, plus tard, des fakirs indiens. Ce phénomène de diffusion se prolonge et s’étend notamment après la Révolution, dans une double dynamique de continuité revendiquée avec les découvertes de Mesmer, et de réélaboration en direction des pratiques du somnambulisme et de l’hypnose. C’est dans cette forme que le magnétisme animal, avec son statut ambigu suspendu entre science et croyance somme entre les savoirs du physique et du moral, contribue à l’élaboration de la culture romantique, à la médecine philosophique et à la Naturphilosophie allemande ainsi qu’au roman français et anglais, lorsque ses effets sont exhibés dans les cliniques et dans les théâtres, avant de constituer le terrain de l’affirmation globale du spiritisme et, à la fin du siècle, une source d’inspiration de la psychanalyse. Les condamnations mêmes par les académies scientifiques, notamment françaises, et, sur le plan religieux, par la cour de Rome, contribuent à cette reconfiguration, en relançant les circulations transnationales. Dans ces perspectives, l’étude du magnétisme permet de revisiter l’histoire des frontières disciplinaires (ou des encyclopédismes), l’analyse des usages politiques des savoirs ou celles des formes et modalités des vulgarisations à l’œuvre entre les XVIIIe et XIXe siècles.
Ce phénomène d’entrelacement et de circulation ample, complexe et à plusieurs niveaux mérite d’être étudié à partir des sources, des perspectives et d’approches disciplinaires différentes. Le magnétisme animal offre lui-même une théorie de la circulation : en élaborant sa conception du fluide universel Mesmer élève en fondement d’une vision du cosmos et de l’homme, attire l’attention sur les phénomènes circulatoires qui traversent différents champs de savoirs, de la physique à l’astronomie, de la physiologie à la politique, de l’économie à la littérature. Ces développements se traduisent et se manifestent dans de nombreuses pratiques : thérapeutiques d’abord, mais aussi sociales, politiques, religieuses, littéraires, artistiques. La question des pratiques pose avec force celle de l’hétérogénéité des acteurs et des institutions qui participent aux débats, souvent polémiques, sur le magnétisme. La présence protéiforme du magnétisme justifie les attaques et les oppositions multiples qu’il suscite et qui contribuent à leur tour aux dynamiques complexes des espaces politiques, intellectuels et culturels entre les XVIIIe et XIXe siècles. Cette perspective de plus long terme permet de sonder la reconfiguration globale des savoirs et des techniques dans les décades qui séparent l’essor des révolutions atlantiques de celles de 1848.
Les processus de circulation, de transfert et d’hybridation des savoirs et des pratiques entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle sont au centre du colloque international qui se tiendra à Fribourg (Suisse) le 20 et 21 octobre 2022, organisé par l’Université de Fribourg, l’Institut d’histoire moderne et contemporaine (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), le Centre de recherches de Gotha (Université d’Erfurt) et l’Institut pour l’histoire de la pensée philosophique et scientifique moderne (CNR, Italie), en collaboration avec le projet Harmonia Universalis (Labex-Hastec, Paris). Si cette thématique croise vos recherches, vous pouvez adresser un projet de communication long de 3.000 signes environ, en français ou en anglais, et quelques lignes résumant votre curriculum vitae. Les candidatures de doctorant-e-s et postdoctorant-e-s seront particulièrement bienvenues. Le délai ultime pour leur envoi est le 10 décembre 2021. Veuillez les adresser en fichier PDF à l’adresse mesmer-conference@unifr.ch

Organisation : David Armando (ISPF-CNR, Naples; CéSor-EHESS/CNRS), Bruno Belhoste (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), Jean-Luc Chappey (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), Claire Gantet (Université de Fribourg, Suisse), Markus Meumann (Forschungszentrum Gotha der Universität Erfurt), Olaf Simons (Forschungszentrum Gotha der Universität Erfurt)

Animal Magnetism in Motion: Reconfigurations and Circulations, 1776-1848
International conference, University of Fribourg (Switzerland), 20-21.10.2022

The European, and later global, circulation of theories and practices of animal magnetism, which covers a large part of the ‘long 19th century’, is a phenomenon that is significant but little studied in its complexity. The theory of the universal fluid and the magnetic therapies developed by Franz Anton Mesmer in Vienna flourished in Paris, where he moved at the end of 1778. Around 1784, they spread not only all over France, but also to the colonies, to Malta with the network of Harmony societies, and throughout Europe following the trajectories of learned, Masonic, mystical and esoteric societies, and of artistic and musical creation. The texts of the disputes to which they gave rise to were read, translated, commented on and re-elaborated throughout Europe and beyond. While the presence of the “traces” of magnetism in all times and in all peoples became a topos in the writings of its supporters and opponents, the mesmeric fluid became a term capable of bringing together distant worlds, from Chinese culture in Jesuit correspondence to Haitian voodoo or, later, Indian faquirs. This phenomenon of diffusion continued and was extended, particularly after the Revolution, in a double dynamic of claimed continuity with Mesmer’s discoveries, and of re-elaboration in the direction of the practices of somnambulism and hypnosis. It is in this form that animal magnetism, with its ambiguous status, suspended between science and belief, between physical and moral knowledge, makes its contribution to the development of Romantic culture, to philosophical medicine and German Naturphilosophie, as well as to the French and English novel. Its effects are exhibited in clinics and theatres, successively constitute the ground for the global affirmation of spiritualism and, at the end of the century, a source of inspiration for psychoanalysis. The very condemnations by the scientific academies, particularly in France, and, in a religious context, by the Court of Rome, contributed to this reconfiguration, giving the debate on magnetism an international circulation. In these perspectives, the study of magnetism makes it possible to revisit the history of disciplinary boundaries (or encyclopaedisms), the analysis of the political uses of knowledge and the forms and methods of popularisation at work between the 18th and 19th centuries.
This phenomenon of interweaving and circulation, which is extensive, complex and multi-layered, deserves to be studied from different sources, perspectives and disciplinary approaches. Animal magnetism itself offers a theory of circulation: in elaborating his conception of the universal fluid, Mesmer founds on it his own vision of the cosmos and of man, drawing attention to circulatory phenomena that crossed different fields of knowledge, from physics to astronomy, from physiology to politics, from economics to literature. This is one aspect  that of symbolic representations  under which the evolution of mesmerism dialogues with the theme of circulation during the 19th century. At the same time, this evolution is reflected and manifested in a great variety of practices: therapeutic practices first, but also social, political, religious, literary and artistic ones. The question of practices forcefully raises the issue of the heterogeneity of the actors and institutions involved in the often controversial debates on magnetism. This presence of magnetism in many fields justifies the attacks and the multiform oppositions that it arouses and which participate in the complex dynamics at work in the political, intellectual and cultural spaces between the 18th and 19th centuries. It is a longer-term perspective in which the study of animal magnetism lends itself to an understanding of the global reconfiguration of knowledge and techniques in the decades between the rise of the Atlantic revolutions and those of 1848.
The processes of circulation, transfer and hybridization of knowledges and practices between the late 18th and the mid-19th century are the focus of the international conference on animal magnetism which will be held in Fribourg (Switzerland) on October 20th and 21st, 2022, organized by the University of Fribourg, the Institut d’histoire moderne et contemporaine (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), the Research Center of Gotha (University of Erfurt) and the Institute for the history of philosophy and science in modern age (CNR, Italy), in collaboration with the Harmonia Universalis project (Labex-Hastec). If this theme intersects with your research, you can send an abstract of about 450 words, in English or French, and a few lines summarising your curriculum vitae. Applications from doctoral and post-doctoral students are particularly welcome. The deadline for applications is 10 December 2021. Please send them as a PDF file to mesmer-conference@unifr.ch

Organization: David Armando (ISPF-CNR, Naples; CéSor-EHESS/CNRS), Bruno Belhoste (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), Jean-Luc Chappey (Université Paris I-Panthéon Sorbonne), Claire Gantet (Université de Fribourg, Switzerland), Markus Meumann (Forschungszentrum Gotha der Universität Erfurt), Olaf Simons (Forschungszentrum Gotha der Universität Erfurt)

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