Les séminaires du Programme de recherche interdisciplinaire « sciences sociales du religieux » 2014 – 2015

Le mercredi, 15h-19h 10, rue Monsieur le Prince Paris, 6e

Salle Alphonse Dupront

1. Dictionnaire dynamique des faits religieux (Régine Azria, Danièle Hervieu-Léger, Dominique Iogna-Prat)

Ce séminaire prolonge et déploie, pour la cinquième année, le travail réalisé par l’équipe du Dictionnaire des Faits Religieux (Paris, PUF, 2010) pour mettre à disposition des chercheurs et étudiants un état raisonné des outils de pensée et des auteurs, dans les différents domaines et disciplines des sciences sociales du religieux: la préparation de nouvelles entrées et notices, l’approfondissement et l’enrichissement de rubriques déjà présentes dans la version papier du Dictionnaire, la présentation des débats et controverses en cours dans le domaine des sciences sociales, les problèmes de la traduction sont la matière de cet atelier interdisciplinaire, ouvert aux chercheurs et doctorants avancés. D’abord disponibles en ligne, les productions du séminaire seront intégrées à la version papier du Dictionnaire, au fil des republications.

– 26 novembre, Séance introductive (état d’avancement des nouvelles notices, prépublication électronique, achèvement de la notice « déification »)

– 28 janvier, Littérature et religion (islam : C. Decobert, islam et sikhisme : D. Matringe)

-25 mars, Traduire le Dictionnaire des faits religieux

– 3 juin, Hérésie (séance commune avec le Dictionnaire critique de l’Église ) (A. Le Boulluec, D. Iogna-Prat, J.- M. Roessli, J. Wischmeyer)

2. Actualité des sciences sociales des religions (Dominique Iogna-Prat, Pierre Lassave)

Ce séminaire, organisé sous la forme d’une après-midi de travail par trimestre, est consacré à l’actualité la plus diverse des sciences sociales des religions : préparation ou sortie d’ouvrage, mise en place d’un projet collectif, réflexion de méthode posé par tel débat de société impliquant le religieux. Espace d’échanges au sein du Programme de recherche interdisciplinaire « religieux et sciences sociales », le collectif de cette actualité a vocation à dépasser les clivages de disciplines et des aires culturelles pour ouvrir aux phénomènes religieux comme question globale au sein des sciences sociales. Le programme, fixé au début de chaque trimestre, fera l’objet d’une annonce spécifique surhttp://ssr.hypotheses.org/

– 19 novembre, Adeline Herrou et la question du monachisme comparé (discutantes : V. Bouillier, A. Poujeau)

– 17 décembre, La religion dans Enquête sur les modes d’existence de Bruno Latour, 2012 (E. Aubin-Boltanski, A.-S. Lamine, P. Lassave)

– 8 avril, N. de Brémond d’Ars, Une sociologie de la liturgie (discutants : D. Hervieu-Léger, A. Rauwel)

3. Regards croisés sur l’ethnographie filmée et sonore de l’abbaye de la Trappe (Emma Aubin-Boltanski, D. Mottier)

Du 8 au 19 septembre 2013, douze chercheurs en sciences humaines ont été accueillis au sein de l’abbaye de la Trappe (Basse-Normandie) pour un atelier d’initiation à l’écriture filmique. Au terme de cette immersion de dix jours dans le quotidien d’une communauté monastique, qui comptait alors vingt-trois membres, quatre courts-métrages, dressant chacun le portrait d’un moine, ainsi qu’une exploration sonore du monastère ont été réalisés. Sans aucune restriction, et à titre exceptionnel, les moines ont accepté de se laisser filmer dans leur quotidien. Les regards que les chercheurs ont posés sur eux par la médiation de leurs caméras vont à l’encontre de bien des idées reçues et fournissent des témoignages rares sur la vie monastique contemporaine. L’objectif de l’atelier « Regards croisés » est d’inviter des chercheurs (historiens, sociologues, anthropologues et philosophes) à entrer en dialogue avec ce matériau filmique et sonore, à s’emparer d’une thématique (visibles et/ou audibles plus ou moins explicitement dans les films et dans l’exploration sonore) pour y investir leurs propres préoccupations.

– 12 novembre, « Ethnomusicologie, ethnographie filmée » : Victor Stoichita et Estelle Amy de la Bretèque (ethnomusicologues, CREM/LESC) ; Caroline Lardy (anthropologue, CHEC)

-14 janvier, « Moines et moniales orthodoxes en Syrie et en France » : Anna Poujeau (anthropologue,CéSor) ; Louise de Courcel (doctorante en anthropologie, ÉHESS)

– 11 février, « Espace personnel, espace communautaire » : Anne Monjaret (anthropologue, IIAC) ; Marc Renneville (historien, Centre Koyré) à confirmer

– 11 mars, « Portraits de moines, écrits et filmés, d’hier et d’aujourd’hui: problèmes de méthode » : Mette Birkedal Bruun (historienne, université de Copenhague) ; Dominique Iogna-Prat (historien,CéSor)

– 13 mai, « Portraits filmés de moines de Chine et du Tibet » : Katia Buffetrille (anthropologue, ÉPHE) ; Adeline Herrou (anthropologue, LESC)

– 24 juin, « Images et artefacts » : Anne Doustaly (historienne, GAHOM) ; Gil Bartholeyns (historien, IRHIS) à confirmer

4. Théologie et sciences sociales (Pierre-Antoine Fabre, Jean-Pascal Gay, Dominique Iogna-Prat)

Ce séminaire, organisé dans le cadre du Programme de recherche interdisciplinaire « Religieux et sciences sociales », en alternance avec tout un ensemble d’autres collectifs sous l’intitulé « Sciences sociales du religieux », propose de réunir autour d’un objet largement fuyant, la théologie, les chercheurs en sciences sociales, toutes disciplines et aires culturelles confondues, aux prises avec la polysémie des discours sur le divin et leur problématique inclusion à l’âge de la définition des périmètres académiques et des stratégies discursives afférentes (XIXe-XXIe siècles). Pour le monde occidental, la démarche est génétique : comment passe-t-on de la philosophie antique à la théologie médiévale, et comment cette dernière, dans sa définition scolastique, parvient-elle à innerver à long terme, via la philosophie classique, les conceptions de l’homme et de la société en régime hétéronome puis autonome ? Avant le christianisme et au-delà de l’Occident, quel sens peut-il y avoir à parler de « théologie » ? Une attention toute particulière sera accordée cette année à la question du rite.

– 15 avril, Eloi Ficquet, Les controverses christologiques éthiopiennes aux XVIIIe et XIXe siècles: questionnements et tâtonnements de théologie politique

– 6 mai, Histoire et sociologie du catholicisme face à l’objet théologique. Questions de méthode (sous la responsabilité de J.-P. Gay)

– 10 juin, Les sciences sociales au risque du rite : – Rites et théologie (J.-P. Albert, C. Calame, C. Grellard, A. Rauwel) – Nouvelles ritualités : la récitation des noms (R. Azria)

5. Archives du Groupe de sociologie des religions (Pierre Lassave)

Le Groupe de sociologie des religions (GSR) a été fondé en 1954 dans le cadre du Centre d’études sociologiques (CES) du CNRS. L’initiative en revient à Gabriel Le Bras (1891-1970) assisté d’Henri Desroche (1914-1994). Une équipe dont la vocation était d’appréhender et d’expliquer tout phénomène dit religieux comme un fait social et d’intégrer de la sorte l’objet religion dans le champ de la sociologie alors en pleine refondation nationale. Le GSR se caractérise par un noyau central de chercheurs qui ont refondé les bases de la spécialité thématique. On sait que la religion fut un objet principal pour la discipline au tournant du siècle dernier. Durkheim a ainsi fait découler la socialité et la pensée classificatrice des cultes totémiques. Weber a reconnu la théodicée biblique comme agent historique de la rationalité moderne. Simmel a vu dans les associations religieuses une forme typique de cristallisation des interactions sociales. Paradoxalement, la centralité intellectuelle de l’objet religieux n’a d’égale, surtout en France, que sa marginalité institutionnelle.

Longtemps apanage des institutions ecclésiales, la religion ne devient en effet objet de connaissance historique à part entière qu’au moment de la formation des sciences sociales. La création en 1886 de la section des « sciences religieuses » (Ve section) de l’École pratique des hautes études (ÉPHE) marque pour la France un mouvement européen de chaires et de recherches d’esprit laïc en la matière. Pour autant, la sociologie des religions n’a pas fait souche dans l’Université, notamment après la refondation de la discipline avec l’instauration de la licence de sociologie en 1958. Ce n’est qu’à l’EPHE (Ve et VIe sections) et au CNRS que quelques chaires d’enseignement et postes de recherche ont permis à cette spécialité thématique de se développer et d’être reconnue comme scientifiquement légitime.

Le GSR fut le noyau premier de cette conquête, notamment son équipe initiale qui a réuni autour de Le Bras et Desroche, Émile Poulat (1920-), François-André Isambert (1924-) et Jacques Maître (1925-2013) auxquels on rajoutera Jean Séguy (1925-2007) entré peu après (en 1960) dans le groupe. Le noyau se fit rapidement connaître par le dynamisme bibliographique de sa revue, les Archives de sociologie des religions, créées en 1956, par ses enquêtes sur les tensions entre confessions chrétiennes et monde moderne, par son défrichement des théories et méthodes d’appréhension sociologique des phénomènes religieux. Revendiquant dès les origines l’interdisciplinarité, le GSR n’a cessé de croître en diversité pour nouer au fil du temps des alliances originales avec l’ethnologie, la science politique et les divers savoirs issus de l’érudition spécialisée (islamologie, indologie, bouddhologie).

D’où d’ailleurs le changement du titre de la revue (Archives de sciences sociales des religions – ASSR – à partir de 1973). C’est cette histoire, nourrie des archives mêmes des membres du GSR actuellement en phase d’archivage, que ce séminaire entend défricher afin d’encourager la réflexion collective sur les conditions institutionnelles de définition du « champ » religieux au sein des sciences sociales.

– 10 décembre, Journée d’étude aux Archives nationales (Pierrefitte) : « L’archive et la recherche en sociologie des religions »

– 20 mai, Journée « Condorcet » : Biographies croisées

6. Catholicisme et sciences sociales (Danièle Hervieu-Léger)

– 15 octobre, 5 novembre, 3 décembre, Catholicisme : état des lieux de la recherche

Après avoir été au centre des intérêts de la sociologie des religions et de l’histoire religieuse de l’après-guerre et jusqu’à la fin des années 60, l’étude du catholicisme a connu des années d’éclipse relative. Elle renaît aujourd’hui, à partir de thématiques et de questionnements profondément renouvelés. Co-animé avec Denis Pelletier (directeur d’études à l’ÉPHE), ce séminaire se donnera pour objectif d’établir un bilan des travaux en cours qui prennent le catholicisme contemporain pour objet, au croisement des différentes disciplines : sociologie, histoire, anthropologie. Les terrains français et européens seront privilégiés, sans exclusive.

– 7 et 21 janvier, 4 février, 4 et 18 mars, 1er avril : Sociologie du monachisme contemporain

À travers les rétablissements, refondations, réformes et créations de la vie monastique de terrain chrétien occidental se donnent à voir, comme en laboratoire, les enjeux majeurs de la confrontation (religieuse, politique et culturelle) du christianisme à la modernité, entre XIXe et XXIe siècle : cette hypothèse servira de fil directeur à la problématisation sociologique des différentes configurations utopiques dans lesquelles se sont inscrites, depuis deux siècles, une série de tentatives pour inventer, au sein des monastères, une pratique du temps alternative au temps du monde. Le séminaire s’ouvrira, en suivant ce fil de la protestation utopique, à la comparaison avec des monachismes contemporains hors christianisme.

7. Dictionnaire critique de l’Église (Frédéric Gabriel, Dominique Iogna-Prat, Alain Rauwel)

Au pays de la « séparation », une division outrancière des tâches entre l’État et l’Église a malheureusement relégué l’étude de cette dernière au rayon d’une histoire religieuse le plus souvent coupée des visées et des méthodes en sciences sociales. Cela alors que l’objet « Église » est au centre de toute réflexion sociologique depuis les pères fondateurs (spécialement Durkheim et Weber).

Ce séminaire, qui s’inscrit dans un cycle de plusieurs années, vient prolonger un programme dont les premiers résultats sont publiés en ligne (http://cem.revues.org/12743  ) : Les nouveaux horizons de l’ecclésiologie : du discours clérical à la science du social. L’entreprise vise à proposer un « tournant critique » sur la base d’un instrument ad hoc à entrées multiples du type « dictionnaire ». Il ne s’agit pas d’abord d’élaborer un livre « de contenu », comme une histoire de l’Église découpée en articles. Le projet ne se veut pas descriptif mais bien critique, avec notamment deux objectifs : mettre en évidence et discuter les problématiques qui structurent l’institution ecclésiale et ses ramifications, et corrélativement proposer une cartographie des champs relatifs à ce domaine. Classiquement, quand il s’agit de définir l’Église, la tradition reconnaît d’emblée l’ambiguïté du terme, ses sens multiples : c’est cette ambiguïté et sa polyphonie qu’il est proposé d’explorer de manière dialectique. Il ne s’agit pas de décrire les manifestations de l’Église mais de se concentrer sur sa pensée, sa théorisation au sein d’une histoire intellectuelle et doctrinale, qui relève autant des sciences des religions que des sciences sociales.

– 27 mai : Jean-Michel Roessli

– 3 juin, Hérésie (séance commune avec le Dictionnaire dynamique des faits religieux)

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