Jerzy Pysiak – directeur d’études invité à l’ÉHESS

Jerzy Pysiak

Professeur à Institut d’Histoire, Université de Varsovie

Directeur d’études invité à l’ÉHESS

(en collaboration avec le séminaire de Patrick Henriet, ÉPHE, IVe section)

 

La royauté et le culte des reliques à la lumière des Vies de saint Denis capétiennes – (fin du XIIe – début du XIVe siècle) 

mardi 24 mars, 9h00–11 h00, 

École pratique des hautes études, Paris, Bat. France, salle 122

De la dernière année du règne de Philippe Auguste, jusqu’à la première année du règne de Philippe Le Long (1223 – 1317) trois Vies du saint patron et protecteur du Royaume et des rois de France sont écrites à l’abbaye royale de Saint-Denis :

  • Vita et actus beati Dyonisii anonyme (BnF, Ms. Latin 2447, vers 1223-1224 ; BnF, Nouvelle Acquisition Latine 1509, complétée après 1233)
  • Vita beatorum martyrum Dyonisii, Rustici et Eleutherii [Vie en prose de Saint Denis] anonyme (BnF, Nouvelle Acquisition Française 1098, vers 1250 ; BnF, Ms. Français 696, 1280-1285)
  • Vita et passio sancti Dionysii d’Yves de Saint-Denis, commandée par Philippe IV Le Bel et offerte par l’abbé Gilles de Pontoise à Philippe V Le Long (BnF, Ms. Latin 2090–2091–2092 [dont la Ière et IIème partie seulement subsistent, 1313/1314–1317] ; seul manuscrit en version latine complet : BnF, Ms. Latin 5286, après 1317).

À partir du règne de Louis VI la royauté capétienne, avec le concours de l’abbaye, accapare – en transformant et redéfinissant l’ancien modèle mérovingien et carolingien du patronage spécial de saint Denis sur la royauté franque –, la relation privilégiée avec ce saint patron. Deux types de rituels spéciaux voient le jour à Saint-Denis pendant les trois derniers quarts du XIIème siècle. Le premier d’entre eux est celui de licentia abeundi demandée au saint par le roi allant en guerre, accompagnée de la prise de l’étendard royal de guerre et de l’élévation des corps saints sur l’autel majeur de l’abbatiale – lesquels demeurent exposés à la vue des fidèles jusqu’au retour du souverain auprès du saint pour déposer l’oriflamme et remercier le saint patron d’avoir protégé sa vie pendant la guerre. Le second est l’exposition du corps de saint Denis et le toucher guérisseur des reliques de la Passion conservées à l’abbaye, administré au roi ou prince héritier mortellement malade. Les deux rituels, indubitablement, mettent en valeur non seulement la relation proche entre le roi de France et son saint patron, mais aussi la place incontournable de l’abbaye de Saint-Denis comme lieu du culte permettant la prospérité, voire parfois la survie de la monarchie.

On cherchera à analyser l’évolution de ces deux phénomènes du culte des reliques conservées à l’abbaye de Saint-Denis entre le règne de Louis VI et la fin de la dynastie, ainsi que leur écho dans trois textes sandionysiens datant du dernier siècle du règne des Capétiens et ambitionnant d’être le récit de la présence continue de saint Denis dans l’histoire de France.

 

Share This: