Séminaire Processus de transnationalisation du religieux

Présentation de l’axe transnational

Stefania Capone et Nathalie Luca

Le 8 janvier 2016, Stefania Capone et Nathalie Luca ouvrent un nouveau séminaire du CéSor : « Processus de transnationalisation du religieux ». Six rendez-vous durant lesquels seront appréhendées les dynamiques à l’œuvre dans les processus de délocalisation et de relocalisation de croyances, de rituels et de pratiques religieuses dont la circulation n’est pas nécessairement sous-tendue par une logique missionnaire. Il s’agira d’analyser leur « plurilocalité » afin de comprendre comment se tissent des liens entre les lieux où ils s’implantent et leur pays d’origine, ou encore, comment leur mise en réseau travaille en retour, voire renforce, l’idée de nation. L’opposition entreancrage dans un territoire — le « national » qui permettrait la revendication d’une culture « pure » et « authentique » — et déterritorialisation — associée au transnational et qui mettrait en avant une culture « hybride » ou « créolisée » — sera déconstruite : le transnational n’empêche pas un discours essentialiste, dans lequel la culture, en dépit de son évidente transformation et adaptation, est toujours pensée comme étant « pure », « traditionnelle ». Il n’entraîne pas non plus nécessairement des phénomènes d’hybridation ou de créolisation et ne renvoie pas automatiquement à l’effacement de l’État-nation dont il participe bien souvent au redéploiement de ses prérogatives. Comme le rappelle James Clifford (1997), les phénomènes translocaux sont toujours inscrits dans des géographies et des histoires particulières, qui sont très souvent celles des États-nations. Parler de « transnations » pose alors la question des tensions entre frontières symboliques nationales et transnationales. De même, les recherches sur la transnationalisation religieuse ne concernent pas seulement les dynamiques migratoires, les déplacements des individus, mais aussi la notion de « double chez soi », c’est-à-dire la conscience de faire partie de deux mondes à la fois.

Ce séminaire permettra de réfléchir à nouveaux frais à des notions classiques telles que mondialisation, globalisation, syncrétisme, transculturation ou hybridation culturelle. Il interrogera dans leur ensemble les processus de fabrication de l’individu croyant, de la communauté, de la tradition, de l’espace, du lieu et du temps dès lors qu’il y a mouvement, rencontre, déplacement, qu’ils soient réels ou imaginaires, de soi-même ou de l’autre. Les processus de transnationalisation introduisent du mouvement et de la recomposition dans les systèmes de croyances à partir desquels peuvent être analysées la formation et la transformation incessante du croire. Par quel processus une croyance pénètre-t-elle un groupe et parvient-elle à s’y diffuser ? Comment se transforme-t-elle ? Et par quel autre processus en est-elle exclue ? Comment les attitudes de croyance — tel qu’elles sont inculquées à nos corps et se traduisent en gestes, en paroles ou en postures — se transforment-elles ? Voilà quelques questions auxquelles essayeront de répondre anthropologues, sociologues et historiens.

Vendredi de 9 h à 11 h
10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris (salle Alphonse Dupront)

 

8 janvier : Stefania Capone et Nathalie Luca (CéSor), « Quelques considérations autour d’une notion controversée », Discutant : Monika Salzbrunn (ISSRC, Lausanne)

12 février : Maïa Guillot (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), « La transnationalisation des religions afro-brésiliennes au Portugal. Vers la reconfiguration d’une géographie religieuse entre Brésil, Portugal et Afrique », Discutant : Emma Aubin-Boltanski (CéSor)

11 mars : Eloi Fiquet (CéSor), « Territoires religieux de la diaspora éthiopienne aux États-Unis », Discutant : Filippo Ronconi (CéSor)

8 avril : Catherine Alès (CéSor), « Conception de l’espace chamanique et de son extension : exemples amazoniens », Discutant : Pierre-Antoine Fabre (CéSor)

13 mai : Caterina Pasqualino (IIAC), « Rastafarisme à Londres : I and I entre communautarisme et individualisme », Discutant : Ayda Bouanga (post-doctorante, CéSor)

10 juin : Monika Salzbrunn (ISSRC, Lausanne), « Quand le religieux fait événement : comment étudier la musique des appartenances dans un contexte translocal ? », Discutant : Nilüfer Göle (EHESS) (à confirmer)

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