La foi et le queer : marginalisation, citoyenneté et nationalisme en contexte minoritaire

Appel à communication

Queer Faith: Marginalization, Citizenship, and Nationhood Université de Chicago, Center in Paris, 6 rue Thomas Mann, 75013 Paris

Le 10 Avril 2020

Les personnes queer membres de groupes religieux minoritaires doivent souvent négocier des processus de marginalisation aux dimensions multiples. Celles et ceux perçu.e.s comme membres de groupes religieux minoritaires font face à une vague d’intolérance croissante, manifeste dans les multiples victoires qu’ont connues les droites populistes au niveau transnational ces dernières années. Ainsi, en Occident, représenter les populations musulmanes issus de l’immigration comme figures de l’altérité a été un élément central à la justification de positions extrémistes, telles que celles soutenant les Muslim Bans proposés par Donald Trump et Geert Wilders aux Etats-Unis et aux Pays-Bas ou le moratorium sur l’immigration légale et illégale réclamé par Marine Le Pen en France. La banalisation de discours et politiques racistes visant particulièrement les populations issues de l’immigration dans la sphère politique a affecté la vie quotidienne des minorités religieuses visibles à travers l’Occident.

En plus des discriminations et violences basées sur la race et l’appartenance religieuse, la marginalisation des personnes queer au sein de groupes religieux minoritaires est aussi le fait d’un rejet queer-phobique de leurs propres groupes sociaux ethno-religieux, comme de la société en général. La récurrence d’attitudes queer-phobiques au sein des minorités ethniques et des groupes religieux -manifestée récemment à travers les mouvements de protestation contre l’éducation inclusive à Birmingham et les « Journées de retrait de l’école » en France- complique d’autant plus la négociation entre des identités souvent perçues comme antithétiques pour les membres queer de ces groupes. De plus, les identités religieuses d’une part, et les identités sexuelles et de genre non- normatives d’autre part, sont souvent spécifiquement tournées l’une contre l’autre dans les discours religieux minoritaires et les discours politiques majoritaires au niveau national comme transnational (Fassin, 2010).

Du point de vue de la littérature existante, on sait grâce aux études des minorités religieuses que la foi n’est pas vécue de la même manière par tous les croyant.e.s, pris.es dans des rapports de race, de classe et de genre au sein des sociétés, religieuses comme sécularisées. Les débats publics, parfois violents, concernant les droits des femmes portant le voile dans les sociétés sécularisées, notamment en France, en sont un excellent exemple.

Cependant, les sciences sociales des religions et les études sur le genre se sont longtemps ignorées. Aujourd’hui, des études prennent en compte la manière dont les recompositions du religieux construisent et subvertissent le genre, tandis que les revendications féministes ne sont pas sans influence au sein même des communautés religieuses dans un conservatisme aux manifestations nouvelles, comme dans le développement d’un féminisme religieux. Par ailleurs, la recherche féministe, dans une perspective historique comme sociologique, place le genre au cœur de l’analyse des politiques de laïcisation au vingtième siècle, tout comme des parcours des femmes religieuses en contexte laïc et religieux.

Pourtant, ces perspectives restent souvent hétéronomées et cisnormées. Aujourd’hui encore, les sciences sociales des religions rencontrent rarement les études queer. C’est pourquoi à travers cette journée d’étude, nous souhaitons faire entrer en dialogue les recherches récentes portant sur les minorités sexuelles, queer et/ou transgenres, aux identités non-normatives, en sciences sociales du religieux, leurs marginalisations et stratégies de résistance, dans une perspective interdisciplinaire.

Ce symposium se propose de contribuer à la réflexion amorcée par une littérature émergente concernant l’intersection des identités queer et religieuses, avec un intérêt particulier pour les concepts de marginalisation, de citoyenneté et de nationalisme. Parmi les questions qui seront explorées durant ce symposium, nous incluons les suivantes :

• Comment les identités religieuses des minorités queer sont-elles construites et négociées face aux discours homo-nationalistes excluants ?

• Comment différentes conceptions nationales de la citoyenneté peuvent-elles façonner les processus de subjectivation et d’inclusion des personnes queer qui sont membres de groupes religieux minoritaires ?

• Comment la religion et le queer interagissent et se modifient en contexte minoritaire ?

• Comment les idéaux nationaux de multiculturalisme et de sécularisme déterminent-ils qui peut parler publiquement au nom des communautés religieuses minoritaires, des communautés queer, et de ceux aux identités intersectionnelles ?

Nous souhaitons mettre en lumière les divers contextes sociaux et politiques dans lesquels se trouvent plongés les acteurs, dans une perspective interdisciplinaire et multi-située où on cherchera à prendre en compte la pluralité des cultures, des contextes et des parcours migratoires. Nous acceptons les candidatures de chercheur.euse.s et jeunes chercheur.euse.s en anglais et en français.

Pour participer :

Les propositions de communication doivent être transmises au plus tard le 4 mars 2020 à l’adresse queerfaith.submissions@gmail.com. Elles comporteront le titre de la communication, votre institution de rattachement et un résumé de la communication (500 mots maximum).

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