Christos Arampatzis 

Professeur invité de l’EHESS

Professeur invité de l’EHESS par Filippo Ronconi

Christos Arabatzis est professeur à la faculté de théologie de l’Université de Thessalonique, expert de théologie patristique, d’histoire des Conciles et du rapport entre Église et pouvoir impérial à Byzance. Il est l’auteur de plusieurs monographies et se concentre actuellement sur les rapports entre cultures byzantine, chinoise et indienne au Moyen Âge.

Conférences

Byzance et l’Inde entre rapports commerciaux, textes géographiques, paradoxographie et pratiques religieuses

Mercredi 10 mai 14h00-17h00, Marseille, Centre de la Vieille-Charité, salle C, 2 rue de la Charité

Dans le cadre du séminaire de Fabrizio Speziale Asie du Sud et culture persane (XVIe-XXe siècle). Productions savantes, traductions, interactions

Les relations byzantino-indiennes doivent être analysées en prenant en compte la situation culturelle et politique de l’« espace intermédiaire », tel qu’il a été façonné par les conflits et les dynamiques politiques de la période hellénistique et des royaumes qui se sont développés ensuite dans les aires géographiques correspondantes. Les traces des rapports commerciaux entre ces deux mondes (dans toute leur complexité) se lient, sur la longue durée, à un imaginaire qui identifie, dans la tradition littéraire (et en particulier des géographes) de Byzance, l’Inde comme une frontière extrême, une charnière vers un espace inaccessible peuplé d’êtres extraordinaires, domaine de la paradoxographie. En même temps, dans le cadre des pratiques religieuses, des formes de spiritualité présentent, dans les deux aires culturelles, non seulement des caractéristiques semblables sur une très longue durée (la pratique et la théorisation du silence, par exemple, ou celles de la méditation comme coupure de l’esprit de toute influence perturbatrice de l’intérieur et de l’espace extérieur). Ces ressemblances qui s’expliquent parfois, de manière ponctuelle, par des contacts directs, dont témoignent explicitement des sources qu’il est utile de mettre en valeur.


La béatitude humaine, ses caractéristiques et ses représentations dans la littérature byzantine du premier millénaire

Mercredi 17 mai 14h30-16h30, Aubervilliers, Campus Condorcet, Centre de colloques Salle 3.08

Dans le cadre du séminaire de Filippo Ronconi La société byzantine de l’époque moyenne et Photius de Constantinople

La béatitude humaine, ses caractéristiques et son accomplissement, ont été un sujet de controverse dans la pensée philosophique grecque. La diffusion du christianisme et l’inversion de l’échelle des valeurs et des aspirations qui se sont produites au cours de l’Antiquité tardive ont changé en profondeur le sens de la réflexion philosophique et de l’élaboration théologique du concept même de béatitude. L’attention s’est de plus en plus concentrée sur la question de sa mise en être à l’intérieur du cadre de la pensée chrétienne, avec une sensibilité particulière aux conditions pratiques et techniques pour l’atteindre. Cela comporte, à partir du IVe siècle, une sensibilité de plus en plus marquée pour l’«anthropologie», c’est-à-dire la nature profonde de l’être humain, son but existentiel ultime, la conduite existentielle la plus opportune, le rapport entre individu et la sphère sociale de ses interactions. Entre le IXe et le XIe siècle, la question devient de plus en plus centrale dans la littérature byzantine, et deux perspectives principales et opposées se dégagent : l’une voit dans la béatitude la réalisation historique du bien-être mondain, fondé sur l’éducation, la culture, le développement des capacités humaines et la réussite sociale et économique. L’autre circonscrit la béatitude dans un espace métaphysique post-historique, suivant l’idée que la prospérité et la réussite dans l’Histoire ne sont que fragmentaires, seule l’orientation totalisante et exclusive de l’existence humaine vers le divin pouvant préparer la voie vers la véritable béatitude. L’éducation, la richesse, le développement social et la reconnaissance jouent un rôle marginal, la vie devant être régie par des impératifs moraux stricts. Ainsi, la conception byzantine du concept de «béatitude» révèle la nature très différente d’approches concurrentes par rapport à l’histoire, tant au niveau «macro» qu’au niveau «micro-historique».

Le rôle de l’Église dans la correspondance impériale

Mercredi 24 mai 14h30-16h30, Aubervilliers, Campus Condorcet, Centre de colloques Salle 3.08

Dans le cadre du séminaire de Filippo Ronconi La société byzantine de l’époque moyenne et Photius de Constantinople
Le rôle de l’Église dans la réalité politique et religieuse byzantine a été largement exploré. Un livre désormais classique de Gilbert Dagron (Empereur et prêtre, Paris 1996) s’est concentré en particulier sur le rapport entre pouvoir impérial et institution ecclésiastique, proposant, dans le sous-titre, le terme très problématique mais éloquent de « césaropapisme ». Néanmoins, il manque encore une étude systématique de la manière dont les empereurs se sont adressés aux dirigeants de l’Église ou aux synodes dans leur correspondance officielle sur la longue durée. Cette analyse (qui doit mobiliser en même temps les outils de la lexicographie, de l’étude des formes rhétoriques, de l’analyse culturelle et idéologique) permet en effet de constater que les empereurs se sont généralement conformés, aux différentes époques et suivant les contextes, à deux « auto-représentations-types » : celle de « guérisseur » d’un système politique en crise et celle de serviteur fidèle d’une idéologie impériale transcendante. Cette double  autoreprésentation, qui est parfois un double discours, s’est développée en général sur l’arrière-plan d’une Église considérée comme force inspiratrice et comme point de repère idéologique, notamment dans les phases où il a été nécessaire d’élaborer une modification des lois.

Byzance et la Chine : interactions, relations et parallèles

(La date, l’horaire et le lieu seront précisés prochainement)

La conférence consistera en deux volets : l’accent sera d’abord mis sur les nombreuses similitudes qui ont caractérisé les deux Empires byzantin et chinois (en particulier aux époques Sui et Tang). Nous nous concentrerons sur quelques aspects de leur organisation (bureaucraties articulées, systèmes fiscaux efficaces et armées contrôlées de manière centralisée) ; sur leur capacité d’exercer une profonde influence sur les cultures et États voisins (en raison de leur prestige, de leur contrôle du territoire, de leur richesse et de leur antiquité) ; sur l’élaboration de traités militaires parfois extraordinairement semblables (tels que l’Art de la guerre de Sun Tzu et le Strategikon de Maurice) ; sur leurs pratiques diplomatiques fondées entre autres choses sur la réputation et la prospérité affichée. Dans le second volet, nous nous concentrerons sur la vision de la fonction et de la figure impériale élaborée par ces deux mondes sur la longue durée, ainsi que sur la façon dont chaque empire concevait son propre rôle par rapport à leur monde connu. Cela comportera une réflexion sur les conceptions métaphysiques et idéalisées de l’Empire et de l’Empereur, dont nous essayerons de mettre en valeur les analogies, sur le fond du rapport complexe entre représentation et réalité de terrain.

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