Professeure invitée de l’EHESS

Professeure d’histoire à l’Université libre de Bruxelles,
Directrice du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité

Cécile Vanderpelen-Diagre participe au Programme
Professeurs invités de l’EHESS,  sur proposition de Céline Béraud

Cécile Vanderpelen-Diagre enseigne l’histoire contemporaine à l’Université libre de Bruxelles, où elle dirige le Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité. Ses recherches portent sur l’histoire du catholicisme contemporain et ses expressions culturelles (cinéma, littérature, théâtre, enseignement). Elle s’intéresse également à la dimension anthropologique de cette religion : le rapport au corps, à la sexualité et aux questions de genre. Elle codirige avec Amandine Lauro la revue Sextant et avec David Paternotte la collection Genre(s) & Sexualité(s) des Éditions de l’Université libre de Bruxelles. Elle copréside le Centre d’archives et de recherches pour l’histoire des femmes. Elle fait partie du Conseil scientifique de la revue les Archives des sciences sociales des religions et du Comité éditorial des Problèmes d’histoire des religions.

Conférences

Belonging without believing. Le catholicisme en Belgique aujourd’hui

Dans le cadre du séminaire Catholicisme contemporain (Céline Béraud et Denis Pelletier) EHESS 

Mercredi 7 février 2023, à 14h30, en salle « gradinée », Bâtiment Ehess du Campus Condorcet

Comme pour la plupart des pays européens à forte tradition catholique, les chiffres statistiques qui quantifient la présence de cette religion en Belgique sont en décroissance constante, tant pour ce qui est de la croyance, de la pratique ou de la fidélité électorale aux partis confessionnels. Cependant, à y regarder de plus près, les traces de ce qu’il est convenu d’appeler le « pilier » catholique – système d’organisation de la société qui encadre les individus du berceau à la tombe – nuancent ces chiffres. L’attachement d’une partie importante de la société belge à l’enseignement, aux syndicats, aux hôpitaux ou encore aux mouvements de jeunesse catholiques sont indicatifs de la persistance non seulement de formes d’inerties sociales (le catholicisme « pour mémoire » tel que décrit par Daniele Hervieu-Léger), mais également d’adhésion à tout un système de valeurs héritées du christianisme, mais sécularisées. Ce séminaire analysera ce phénomène en mettant l’accent sur les spécificités de la culture politique catholique telle qu’elle se manifeste en Belgique.

Réenchanter les sciences humaines. Savoirs religieux et savoirs académiques dans les universités catholiques belges depuis 1960

Dans le cadre du séminaire Histoire et sociologie du catholicisme (Denis Pelletier) EPHE 

Mercredi 28 fevrier 10h-12h campus Condorcet Bâtiment nord salle 0.04 

Dans la foulée du Concile Vatican II, les chercheurs et chercheuses de l’Université catholique de Louvain travaillèrent à concilier l’approche scientifique et religieuse. Leur but était, d’une part, de ne pas être discrédités par le monde scientifique en train de s’institutionnaliser en raison de leur adhésion religieuse et, d’autre part, de participer au mouvement général du monde catholique qui visait à entrer en dialogue avec le monde profane.
Ce séminaire montrera comment ce travail de réarticulation s’est opéré dans les domaines de la sociologie et des « sciences de l’âme ». Nous verrons comment l’expertise qu’ils et elles acquièrent de la sorte leur permit de gagner une place au soleil dans le champ des intellectuels et de prendre une part active aux débats de société qui agitent la Belgique dans la seconde moitié du XX^e siècle.

L’Église, l’État et la Maison des femmes. Les intellectuelles catholiques féministes belges de langue française (1950-2000)

Dans le cadre du séminaire Genre et religion (Céline Béraud) EHESS 

Jeudi 29 février, à 14h30, en salle 50 du Centre de colloques du Campus Condorcet

Cette conférence retracera l’évolution de l’engagement d’intellectuelles en prise à un conflit de loyauté entre l’Église et le féminisme. En suivant le parcours des plus importantes d’entre elles, nous verrons comment les spécificités de la Belgique leur permirent de dépasser – en partie – ce conflit en prenant une part active à l’érection du féminisme d’État. Outre des relais et des tremplins institutionnels importants (les universités catholiques, le parti), elles ont pu compter sur les compétences de médiatrices acquises lors de leur scolarité et socialisations dans les organisations et les établissements catholiques. C’est ainsi qu’on les retrouve aux avant-postes d’initiatives importantes telles que la Maison des femmes ou les célèbres Cahiers du GRIF (pour Groupe de recherche et d’information féministes).
De la sorte, elles opèrent d’une manière concomitante une déchristianisation de leur discours et une participation réussie aux débats féministes en y faisant entendre une voix chrétienne.

 

L’invention et la gestion du pluralisme catholique en Belgique depuis 1960

Dans le cadre du séminaire Religions et pluralisme (Valentine Zuber et Alexandra Delattre) EHESS 

Lundi 11 mars, à 16h, salle 4 du bâtiment de Recherche Nord du Campus Condorcet

Le monde catholique belge se saisit et participe activement à la mise en place du pluralisme à partir des années 1960. Dans une société déchirée par les conflits linguistiques et philosophico-religieux, le pluralisme apparaît comme une manière particulièrement efficace d’assurer un minimum de cohésion politique et sociale. Ce qu’il est convenu d’appeler le « pilier » catholique y est particulièrement favorable, car lui-même subit des dissensions internes, déchiré qu’il est entre son aile droite et son aile gauche. Mais encore faut-il définir ce pluralisme. Dans ce séminaire, nous examinerons la manière dont les intellectuel·les catholiques belges se mobilisent pour participer à l’élaboration de cette définition et comment ils l’inscrivent et l’appliquent à leurs propres modes d’organisations internes (par le système des « corps intermédiaires » qui leur est cher).