Ecole thématique SCIENCES SOCIALES ET TERRAINS À HAUT RISQUE

EN SYRIE ET AU MOYEN-ORIENT

26 mai-1er juin 2024

Centre Paul Langevin (CNRS), AUSSOIS

 

Lundi 27 mai

09h30 – 12h00

Discussion : Éthique de la recherche en sciences sociales et libertés académiques avec Vincent Geisser (CNRS, Iremam), Thomas Pierret (CNRS, Iremam) et Brigitte Curmi (ancienne Ambassadrice en Lybie, Malte et pour la Syrie ).

Vincent Geisser évoquera les contraintes du chercheur en contexte autoritaire, lesquelles ne sont pas seulement le fait des régimes politiques des pays étudiés, mais aussi des logiques de censure et d’autocensure de nos propres tutelles institutionnelles, ainsi que de nos interlocuteurs. Brigitte Curmi proposera une réflexion sur la manière dont chercheurs et diplomates peuvent coopérer sans s’imposer mutuellement leurs problématiques. Elle abordera également le nécessaire compromis entre la liberté des chercheurs sur les terrains étrangers, et les préoccupations des tutelles diplomatiques quant à leur sécurité. Thomas Pierret traitera des relations entre la recherche sur le conflit syrien et la demande sociale (décideurs, diplomates, magistrats, organisations internationales, médias, …). Il proposera une analyse chronologique de l’évolution de cette demande depuis 2011, évoquera la transformation de l’expertise ainsi que les modalités des relations entre chercheurs et demandeurs d’expertise.

14h00 – 17h00

Atelier : Constitution des corpus et éthique de la recherche : retour d’expériences sur différents terrains africains animé par Romain Tiquet (CNRS, Centre Marc Bloch). Plus largement, à partir de cette intervention, il s’agira de partager collectivement des difficultés, questions, approches sur la collecte, l’analyse et la publicisation (ou pas) de nos sources (entretiens, archives) sur nos terrains.

Mardi 28 mai

09h30 – 12h00

Discussion : Archives spoliées, déplacées, disparues, « contre-archives » : enjeux politiques, archivistiques et de recherche sur les terrains d’Europe de l’Est par Sophie Coeuré (Université Paris Cité, ICT/CERCEC).

Introduction et mises en perspectives par Vanessa Guéno (CNRS, Iremam)

Sophie Coeuré proposera une réflexion sur les enjeux politiques (au sens large, avec leurs conséquences juridiques), archivistiques et de recherche liés aux archives spoliées, déplacées, disparues, ou au contraire protégées par des « contre-archivages » militants, sur place ou en exil. L’Europe dite anachroniquement « de l’Est » (Russie, Europe orientale centrale et balkanique en régime socialiste après 1917 ou après 1945 jusqu’en 1991) a été particulièrement marquée par ces violences faites aux archives historiques ou courantes, pour des raisons idéologiques, informationnelles et mémorielles, politiques et répressives, mais aussi stratégiques. Les moments extrêmes de la Seconde guerre mondiale et de l’actuel conflit en Ukraine seront présentés, en tension avec les périodes d’ouverture et d’insertion dans les échanges internationaux. Les perspectives comparées sont nombreuses avec les questions d’archives et de patrimoines culturels dans les guerres, les politiques coloniales et post-coloniales et les exils, mais aussi avec les questions de fragilité et de matérialité (ou non) des archives, de leur création à leur usage savant.

14h00 – 16h00

Atelier : Empêchements et enjeux d’archives par Juliette Honvault (CNRS, Iremam).

L’atelier consistera en une discussion collective autour des différents corpus privés ou privatisés en question, des enjeux de l’accessibilité aux archives ainsi que d’une réflexion cartographique du paysage des archives exilées en Europe.

16h30 – 19h00

Projection du film « Kaboul cinéma » de Pietra Brettkelly (2015), 1h35. Discussion avec Vanessa Guéno (CNRS, Iremam).

Ibrahim Arify, qui avait été emprisonné par le régime afghan pour son activité de cinéaste, constitue un groupe de cinéphiles engagés qui s’efforce d’exhumer le passé cinématographique de leur pays. Ils récupèrent et restaurent plus de 8000 heures d’images qu’ils avaient cachées au péril de leur vie pendant l’ère talibane.

Mercredi 29 mai

 

09h30 – 12h00

Discussion : Travailler sur la violence extrême : enquêter et écrire par Richard Rechtman (Ehess, Cespra) et Cécile Boëx (Ehess, CéSor).

De quelles manières la violence percute-elle notre recherche ? Comment est-ce qu’elle nous traverse ? Comment se saisir de ses effets et quels en sont les enjeux sur le terrain, à distance, ou dans l’écriture ? Il s’agira ici de partager nos expériences sur la confrontation avec cet objet polymorphe qui renvoie aussi à des vécus et qui induit des choix d’enquête, d’analyse, de monstration, d’anonymisation, de silences.

 

14h30 – 17h00

Atelier de dramathérapie avec Reem Ali. Comédienne formée à l’Institut supérieur d’arts dramatiques de Damas, Reem Ali est également diplômée en Art-Thérapie (Université Paris Cité). Elle reviendra sur son parcours et son approche du soin par la pratique théâtrale et par l’image (restauration du rapport au temps et au lieu présent, image de soi, capacité d’imagination). Les participant.es qui le souhaitent seront invité.e.s à pratiquer des exercices (échauffement, exercices en binômes, improvisation, discussion) qu’elle propose habituellement dans ses ateliers, destinés aux personnes qui ont subi des violences (directes ou indirectes).

18h00 – 19h30

Atelier de musicothérapie avec Fawaz Baker. Instrumentiste, compositeur, musicologue et pédagogue originaire d’Alep. Il a étudié le ‘Oud auprès des maîtres de la musique arabe et turque. Il a co-fondé en 2013 Action For Hope, une ONG dédiée à l’éducation musicale d’enfants réfugiés de guerre, en Syrie, en Irak, au Liban et en Jordanie. En 2020, pendant la pandémie, il est intervenu à Pantin dans la rue, ainsi que dans les hôpitaux et les écoles de Paris et de Seine-Saint-Denis.

Vendredi 31 mai

 

09h00 – 10h30

Projection/Discussion autour de Hitch, une histoire iranienne, film de Chowra Makaremi, 2019.

11h00 – 12h30

Discussion :Travailler à l’insu de soi-même et des autres. Chowra Makaremi (CNRS, IRIS) propose une réflexion au long cours sur les logiques et les effets de certaines formes de violence dont les disparitions de personnes : ce qu’il advient de celles-ci – cible directe de la violence – et des autres

– leurs relations, leur entourage plus ou moins proche ; le deuil, et l’absence de deuil ; et comment l’intime n’est pas l’en dehors du politique mais parfois la seule trace que l’on peut suivre pour remonter aux faits.

14h30 – 17h00

Atelier Récits des autres versus récits de soi par Anna Poujeau (CNRS, Lesc) et Boris James (Université Paul-Valery, Montpellier 3).

Faute d’avoir accès au terrain en Syrie ou ailleurs, les chercheurs travaillent majoritairement à partir de récits (entretiens réalisés en exil mais aussi sources collectées sur Internet : textuelles, filmées,  etc.)  qui  ont  des  statuts  et  des  formats  différents.  Mais  encore,  selon  les  disciplines, certains chercheurs ayant eux-mêmes un rapport intime avec le terrain peuvent être amenés à écrire à partir de leurs propres expériences tout en cherchant à dépasser ce cadre pour étudier plus globalement un conflit. Comment penser ces différentes dimensions des récits et des expériences ? Comment objectiver et mettre à distance une recherche qui résonne intimement avec sa propre expérience ? Quelles sont les potentialités et les limites de telles recherches ? L’intimité du terrain peut-elle conduire à des formes d’auto-ethnographie ? Quelles questions méthodologiques doit-on alors poser ? L’objectif de cet atelier sera d’avoir une discussion collective sur ces questions à partir de la présentation des travaux de trois participants.

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